Maroc - LE TEMPS - Tous - 20/Jun 16:40

Une nouvelle faîtière: quand les assurances maladie rassurent

ÉDITORIAL. Les caisses maladie claquent la porte de leurs faîtières Santésuisse et Curafutura. Une bonne nouvelle pour le secteurCurafutura et Santésuisse sont en état de mort clinique: les membres les plus influents de ces deux faîtières – soit plus de 90% du marché – ont claqué la porte, de concert, jeudi pour en créer une nouvelle qui commencera ses activités début 2025. Menée dans le plus grand secret, cette révolution était urgente! Le secteur, libéral, est menacé de toutes parts: projet de nouvelle caisse maladie unique, volontés cantonales de tester des modèles de caisses publiques, hausse des coûts et des primes de plus en plus insupportables, etc. Lire aussi: Excédés par leurs faîtières, les caisses maladie font leur révolution Et pendant que les payeurs de primes souffraient, les faîtières regardaient ailleurs. Ou du moins pas dans la même direction. Les inimitiés étaient telles entre les deux organisations que plusieurs spécialistes du secteur ont qualifié leurs joutes musclées de «batailles de bac à sable ridicules». De quoi énerver les assureurs, bailleurs de fonds de ces associations. A commencer par Thomas Harnischberg, patron de KPT, qui a quitté le navire Curafutura en novembre dernier. Il en avait marre des guéguerres. Les autres ont définitivement saisi l’ampleur du problème avec les récentes luttes intestines. Les faîtières se sont écharpées sur le nouveau tarif médical, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026, après un compromis arraché de haute lutte par le Conseil fédéral. Et lors de la campagne sur l’initiative voulant freiner les coûts de la santé, début juin, Santésuisse soutenait le projet quand Curafutura luttait contre. A Berne, les parlementaires se sont aussi énervés à de nombreuses reprises à cause des divergences constantes des deux lobbys. Divergences qui ont fait perdre de nombreuses années à des projets cruciaux selon plusieurs élus. Lire aussi: Le Conseil fédéral fait preuve de fermeté sur le nouveau tarif médical Ce coup de théâtre dans le monde très régulé de l’assurance maladie est peut-être la facture à payer pour les deux belligérantes irréconciliables. Mais c’est aussi la promesse d’une nouvelle dynamique. En renversant la table, les assureurs ont décidé de se libérer du poids de leurs conflits pour passer à l’union de raison. Il y va aussi de leur exemplarité. Souvent très critiques face à l’absence de pilote dans le système de santé, ils étaient empêtrés dans leurs propres luttes intestines. Difficile de faire la leçon aux autres quand on n’arrive pas à balayer devant sa porte… Unis, les assureurs seront plus crédibles et leur force de frappe en sera décuplée. Le message ne vise pas que la branche. Il concerne aussi les tenants d’une caisse maladie étatisée.