Maroc - LE TEMPS - Tous - 08/Aug 16:40

Pour ne plus broyer du noir, les profs doivent faire la lumière sur leur métier

ÉDITORIAL. A l’approche de la rentrée, le monde suisse de l’enseignement se révèle marqué par les difficultés et les pressions. A lui d’être son propre ambassadeur pour rompre avec les clichés et attirer davantage de considérationLe médecin, le curé – ou le pasteur – et l’instituteur. Dans les sociétés européennes démocratisées dès la seconde moitié du XIXe siècle, tel était le triumvirat respectable et respecté qui constituait, à côté des autorités officielles, le socle des communautés locales. Longtemps après, en cette première partie de XXIe siècle, ces figures ne font plus tant autorité. Le docteur ne vient plus soigner à la maison, les églises ou les temples se vident, et l’école doit continuellement s’adapter à une société complexe et mouvante.Alors, est-il moins classe aujourd’hui d’enseigner? C’est en tout cas difficile, comme le rappellent d’une voix, juste avant la rentrée, le syndicat national et la faîtière. La profession est particulièrement scrutée. Par les parents, dont on dit parfois qu’ils sont plus compliqués à gérer que les élèves; par le monde politique, toujours prompt à instrumentaliser l’école et ses programmes; par les institutions, souvent enclines à corseter les gens sur le terrain. Ajoutez à cela la numérisation, l’inclusion, le manque de moyens, le poids administratif, l’incivilité et vous obtenez un tableau… noir ou en tout cas bien anxiogène. Au point que le métier ne séduit plus comme avant, on n’y fait plus carrière à vie: les jeunes sont de plus en plus nombreux à le quitter après une expérience vécue dans la douleur.Notre article: A l’heure de la rentrée, l’école inclusive pèse sur les enseignants Certes, d’autres secteurs du monde du travail connaissent les affres de profondes mutations. Mais celui-ci a une mission si fondamentale que la pression n’en est que plus forte. Elle est notamment politique, de gauche comme de droite. C’est un piège dans lequel l’école, et surtout le personnel enseignant, ne doit pas tomber. En Suisse, où la matière scolaire est du ressort des cantons, certaines orientations, parfois récentes, consacrent les approches pragmatiques et mesurées, gages d’équilibre et de flexibilité, plutôt que les grands virages teintés d’idéologie. Lire aussi: L’école inclusive en Suisse, à la recherche de l’équilibre Et puis, autre piège, il est urgent de dépasser le cliché des profs grassement payés, à l’emploi assuré avec 14 semaines de vacances. C’est la profession elle-même qui peut mieux y contribuer, en expliquant encore plus et mieux ses problèmes avérés. Ceux-ci sont plus profonds que l’éternel sujet des heures de travail et des salaires qui fait les choux gras des syndicats. Ces hommes et ces femmes à qui l’on confie nos enfants et l’avenir de notre société doivent eux-mêmes entretenir notre écoute et notre considération, ainsi que celles des décideurs, plutôt que de finir au coin avec les préjugés et récupérations de tous bords. Lire aussi: Ces jeunes profs qui jettent l’éponge * * * **Retrouvez** [tous les éditoriaux du _Temps_](https://www.letemps.ch/opinions/editoriaux)