Maroc - LE TEMPS - Tous - 13/Aug 15:31

Le mauvais karma du 2e pilier

ÉDITORIAL. Si le Conseil fédéral et les partis bourgeois veulent encore y croire, les nuages s’accumulent au-dessus de la réforme de la prévoyance professionnelle, en votation fin septembre. Peut-être faudra-t-il réfléchir autrement lors de la prochaine tentativeElle n’avait pas besoin de cela, la réforme de la prévoyance professionnelle soumise à votation le 22 septembre. Avant même le pavé jeté par l’administration, qui a reconnu la semaine passée des erreurs de calcul à hauteur de 4 milliards dans les prévisions de dépense de l’AVS, la réforme LPP avait déjà du plomb dans l’aile.Cela peut interpeller, quand on connaît la sobriété de principe des Suisses en matière d’assurances sociales – certes écornée depuis le récent plébiscite en faveur de la 13e rente AVS. Cela peut surprendre, quand on survole les objectifs parfaitement louables de la réforme: renforcer le financement de la LPP pour garantir le versement des rentes, et améliorer la couverture des personnes travaillant à temps partiel. Malgré ces révisions adaptées à l’évolution démographique et aux réalités socioéconomiques du moment, les jeux semblent faits, si bien qu’il faudrait un miracle pour que le projet soit désormais accepté.Lire aussi: Se battre pour la réforme du deuxième pilier: un combat perdu d’avance? ### Un parlement coupable D’abord parce qu’il n’est pas le fruit de l’un de ces fameux compromis helvétiques, qui voit la droite et la gauche s’entendre sur des bases communes. Dans ce cas, le très long processus parlementaire s’était terminé dans la colère pour la gauche, la droite ayant oublié dans son triomphe d’être stratégique et ficelant une mouture bien plus dure que le projet initial. Lire aussi: La campagne sur la réforme du deuxième pilier est lancée dans le plus grand flou Ensuite parce que les femmes, contraintes par le vote des hommes de travailler un an de plus pour toucher l’AVS, espéraient – comme un retour d’ascenseur – de bien meilleurs aménagements dans la LPP. Malgré les appels actuels des élues bourgeoises à la responsabilité, le refus féminin sera net fin septembre. Ajoutez les divisions des patrons suisses sur différents aspects de la réforme, et vous obtenez un chef-d’œuvre d’illisibilité. Auquel il faut désormais ajouter la méfiance qui plane sur toute prévision chiffrée en provenance de l’Office fédéral des assurances sociales. La coupe est pleine. ### Une suite d’échecs Introduit en 1985, devenu au fil du temps un élément essentiel de la prévoyance vieillesse des Suisses, le 2e pilier mérite mieux que ça. Après deux échecs en votations en 2010 et en 2017, le parlement aurait dû prendre la réforme de la LPP au sérieux. S’il en est incapable, le temps est peut-être venu d’ôter aux élus fédéraux certaines prérogatives. Décider du taux de conversion sur une base mathématique ou donner davantage de poids aux partenaires sociaux sont des pistes qu’il faudra bientôt examiner. Lire aussi: Le chaudron politique suisse est en ébullition après la révélation des prévisions erronées de l’AVS