Maroc - LE TEMPS - Tous - 16/Aug 14:14

Les voleurs du passé ou la destruction de la mémoire

La Suisse fut longtemps le paradis des collectionneurs et la plaque tournante du trafic illégal. Elle le demeure, même si le pays s’est doté d’une législation visant à lutter contre le commerce du pillage. Plusieurs spécialistes en témoignentEn 1978, Christophe Goumand a 11 ans et vit à Monthey. Il participe dans le cadre scolaire à un concours portant sur des connaissances en histoire, emporte le premier prix. Direction la Grèce avec ses parents, durant une semaine. L’Acropole, le Parthénon, le temple de Zeus, l’Agora. Sur l’ancienne place publique d’Athènes qui date du IVe siècle avant J.-C., il découvre un fragment de pièce sculptée. L’envie est forte de la glisser dans sa poche. Mais il a appris que se saisir d’objets sur des sites archéologiques est assimilé à du pillage. Alors il cache la pièce au pied d’un arbre, en creusant un peu la terre.Christophe Goumand exerce aujourd’hui la profession d’archéologue. Il est maintes fois retourné à Athènes, mais n’a jamais tenté de remettre la main sur sa chère et précieuse piécette. «J’imagine qu’elle se trouve encore là où je l’ai déposée. Un jour forcément j’irai vérifier mais je reporte sans cesse. Pour le moment, imaginer qu’elle est encore là me suffit», confie-t-il. Adjoint scientifique à l’Université de Genève, le Valaisan qui habite Genève est aussi le directeur du Festival international du film d’archéologie de Nyon (Fifan) qui se tient tous les deux ans. Evénement dont l’un des objectifs est de sensibiliser un large public à cette science, et d’aborder des thèmes tels que le pillage archéologique. Pas une édition depuis 1979 sans qu’un long métrage n’y soit consacré.Voir plus