Maroc - LE TEMPS - Tous - 25/Aug 17:55

La montée de l’AfD, le défi allemand

ÉDITORIAL. Les élections régionales du 1er septembre en Thuringe et en Saxe vont confirmer la forte montée de l’Alternative pour l’Allemagne. Elles risquent de marquer l’effondrement du SPD et des Verts. Quant à la CDU, elle va faire face à des choix cornéliens pour gouvernerAllemagne, quo vadis? A une semaine d’élections régionales en Thuringe et en Saxe, les inquiétudes au sujet de notre grand voisin du nord s’accumulent. A commencer par la probable forte percée de l’extrême droite dans ces deux länder de l’ex-Allemagne de l’Est. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, une formation d’extrême droite, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), pourrait devenir la plus forte formation politique au sein d’un land. La fin de la campagne électorale archi-dominée par le thème de l’immigration sera sans doute exacerbée par l’attaque au couteau commise vendredi à Solingen par un réfugié syrien.Sous la férule de Björn Höcke, l’une des figures de proue du parti qui estime que le Mémorial de la Shoah à Berlin est un «mémorial de la honte», l’AfD s’est radicalisée. Certains constitutionnalistes allemands se demandent même si Berlin ne devrait pas destituer un gouvernement dirigé par l’AfD en Thuringe ou en Saxe.Cette hypothèse paraît pourtant lointaine. Bien qu’en tête des sondages, l’AfD a peu de chance d’accéder au pouvoir régional. En face, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), qui compte encore en ex-RDA, a décidé qu’il était impossible de former une coalition avec l’extrême droite. Elle laisse aussi entendre qu’elle ne souhaite pas travailler avec l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), un parti d’extrême gauche qui refuse les livraisons d’armes à l’Ukraine.  Pour la CDU, ce sera un vrai casse-tête qui mine nombre de démocraties aujourd’hui, à commencer par la France: l’incapacité de former un gouvernement majoritaire. En Thuringe et en Saxe, deux des trois parties de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz, les Verts et les sociaux-démocrates (SPD), s’effondrent et pourraient même disparaître des parlements régionaux. Pour la CDU, le choix est cornélien: coopérer à son corps défendant avec le parti de Wagenknecht ou opter pour une coalition minoritaire par définition très instable. Pour l’Allemagne, dont la menace de récession économique se précise, le test électoral du 1er septembre est majeur. Il donnera une indication essentielle sur l’importance de la vague populiste (l’AfD et le BSW pourraient obtenir ensemble plus de 45% des suffrages). Il livrera de précieux enseignements sur la manière dont les partis traditionnels s’apprêtent à gérer l’extrême droite. Il remettra une nouvelle fois en évidence le fossé avant tout culturel entre les deux parties de l’Allemagne depuis la réunification en 1990. Il va enfin déstabiliser davantage encore le gouvernement d’Olaf Scholz dont la popularité est en berne, surtout à l’est.