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Maroc Maroc - HEIDI.HIDORA.COM - A La Une - 22/Aug 18:00

Un amour explosif: «Quand il ratait un accord, elle lui balançait sa chaussure»

Le couple que forment Violeta Parra et Gilbert Favre dans les années 1960 est explosif. Entre Paris et Genève, les deux artistes écument les bars et tirent le diable par la queue. Première sud-américaine exposée au Louvre, la Chilienne en profite pour vendre une toile à la baronne de Rothschild. Les voici assez fortunés pour retourner à Santiago du Chili, où leur amour pourra voler en éclats...Quand une chanteuse chilienne volcanique suit à Genève un postier carougeois bordélique dont elle est follement amoureuse, il se passe des choses étonnantes. L’été 1963 se déroule tant bien que mal, dans un vieil immeuble de la rue Voltaire surnommé la Cour des miracles, où la tribu s’entasse chichement. Les artistes qui squattent le numéro 15 s’entraident. «Violeta Parra? Un caractère de cochon!», m’avait soufflé Anne Divorne, une de ses anciennes voisines, avant mon départ en Amérique du Sud. La garde rapprochée de cette véhémente vivait à son rythme. «Il fallait toujours être actif à la maison. Si on ne devait pas balayer la cour, on devait repeindre un mur, chercher du bois», confessait son fils Ángel Parra, dans la série d’émissions de la RTS dédiée à Gilbert Favre en 2003.Dans leur cuisine, le vin coule à flots, les cordes des guitares s’usent, les rires fusent et les murs s’emplissent de dessins et de tapisseries que Violeta réalise et expose à l’Université de Genève. C’est à cette époque qu’elle compose ses chansons les plus militantes (Miren cómo sonríen ou Qué dirá el Santo Padre) qui forment la base du mouvement politique et genre musical Nueva Canción Chilena. Ce courant intègre à la musique traditionnelle du Chili des appels à la justice sociale et, loin des représentations idéalisées du peuple chilien que véhicule d’ordinaire cette musique, cherche à donner de la voix aux plus démunis. Les cibles de Violeta Parra sont les propriétaires terriens, les militaires et l’Église. Un feu dans l’appartement L’hiver, dans la cité de Calvin, c’est plus compliqué. Le Chilien Claudio Venturelli, alors un étudiant politiquement engagé à l’Université de Genève, évoque lui aussi une femme au caractère bien trempé qui restait camouflée dans son lit tant elle grelottait de froid: «elle recouvrait son corps d’immenses tissus de jute qu’elle tissait avec des pelotes de laines colorées».Il arrive que les tissus de jute ne suffisent pas, si l’on en croit l'autobiographie de Gilbert Favre:«Pour nous chauffer, nous avions un petit poêle à charbon que nous avions installé au milieu de la pièce. Ce n'était pas le luxe mais ça réchauffait un peu. Un après-midi, vers les trois heures, je rentrais du travail, horreur, une fumée épaisse sortait de l'appartement. Je cours comme un désespéré, grimpe les marches de l'escalier et qu'est-ce que je vois: Violeta au milieu de la pièce autour d'un feu de bois, portes et fenêtres ouvertes. Mais tu es dingue! Il faisait tellement froid, me répondit-elle, sans se soucier des conséquences désastreuses, avec un calme qui me mit dans une rage. Mais tu vas foutre le feu à la baraque, tu ne vois pas que c'est du plancher? Ça ne peut pas brûler, j'ai mis une tôle dessous. Qu'est-ce que ça fout de toute façon, tu es obligée d'ouvrir la porte et la fenêtre. Oui, mais quand on est tout près, ça fait plus chaud qu'avec le fourneau. Je baissai les bras. Je n'avais plus d'arguments, ça devait être son côté Indien Araucan qui ressortait. De toute façon, je balançai toutes ces bûches par la fenêtre et préparais un bon feu en utilisant cette fois-ci le poêle, malgré toute ma compréhension des choses, cette fois-là, je fus dépassé.» Un dragon de jalousie? La musique demeure le quotidien de la tribu Parra-Favre. Avec ses deux enfants, Isabel et Ángel, tous deux musiciens, et sa petite fille Tita, Violeta fait de fréquents allers-retours à Paris, où tous donnent des concerts dans de petites salles, avec un certain succès. Gilbert, lui, joue de la quena, sa flûte andine, avec un copain, dans les bistrots de Genève. Il est sous pression. «Quand il ratait un accord, elle lui balançait sa chaussure. Il n’avait pas d’autre choix que de répéter, encore et encore», raconte Claudio Venturelli.Voir plus

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