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Maroc Maroc - LE TEMPS - Tous - 03/Sep 13:25

A Genève, la défense d’Erwin Sperisen réclame beaucoup de millions: «Il faut rendre un jugement de réparation»

L’ancien chef de la police du Guatemala a refusé de s’exprimer sur les faits. Ses avocats ont plaidé l’acquittement et réclamé 6,3 millions de francs pour les torts subis. Le Ministère public contre-attaquera ce mercrediLa stratégie n’a pas changé entre deux procès en appel. Erwin Sperisen refuse toujours de répondre à la moindre question sur les faits. Il estime avoir déjà dit tout ce qu’il y avait à dire. La présidente Gaëlle Van Hove a bien tenté une ouverture en précisant avoir identifié des points sur lesquels le prévenu ne s’est jamais exprimé. Refus maintenu. «C’est votre droit Monsieur. Dont acte. Cela va évidemment raccourcir notre audience.»Un quatrième acte désincarné qui se limitera donc aux plaidoiries, toutes les réquisitions de témoins ayant été rejetées par la cour. C’est la défense, appelante, qui veut s’y coller en premier. Sur le mode: «Il est impossible de condamner Erwin Sperisen.» Non sans réclamer 6 millions de francs pour indemniser ce long «calvaire» procédural et carcéral (9 ans de détention et 2 ans aux arrêts domiciliaires), 300’000 francs en compensation de cotisations non payées ainsi que 1,3 million de francs pour des honoraires d’avocats (22 recours au Tribunal fédéral) en sus de ceux déjà pris en charge par l’assistance judiciaire.### «Frustré, fâché et triste» S’il a voulu rester silencieux sur l’essentiel, soit son rôle dans l’exécution de sept détenus de la prison de Pavon, Erwin Sperisen s’est montré plus bavard sur ses états d’âme et sa situation personnelle. La présidente: «Comment ça va aujourd’hui? C’est un peu compliqué tout ce qui vous arrive.» L’ancien chef de la police du Guatemala: «Je ne peux que vous donner raison. J’ai passé de nombreuses années en prison après avoir été signalé, accusé et condamné par des personnes qui ne connaissent pas ce pays et qui, confortablement assises dans leur fauteuil, se permettent d’interpréter ce qui s’est passé ou pas passé à 10 000 kilomètres d’ici.» Lire aussi: A Genève, premières escarmouches au procès d’Erwin Sperisen Loquace en matière de reproches, Erwin Sperisen évoque «faux témoins et preuves douteuses», dit que cela fait douze qu’il s’emploie à laver son nom et désigne le premier procureur Yves Bertossa et «son ambition familiale» comme étant responsable de tous ses malheurs. «Je suis frustré, fâché et triste. Je suis aussi épuisé de devoir répéter la même chose depuis tant d’années.» Installé avec ses proches en Suisse alémanique depuis sa sortie de prison, il vit grâce à l’aide sociale et au revenu de son épouse. «J’ai cherché un emploi, mais on ne veut pas m’engager à cause de mon nom.» En guise de thérapie, il préfère toujours se tourner vers les pasteurs de son église. ### Requêtes balayées Avant de pouvoir poser ces deux seules questions au prévenu, la cour a rendu sa décision sur les nombreuses requêtes plaidées la veille. Toutes (sauf une) sont rejetées. Les déclarations recueilles au Guatemala sont maintenues au dossier et seront appréciées avec retenue, comme l’avait déjà voulu le Tribunal fédéral dans son arrêt de renvoi. Le détail des mesures de protection accordées à certains témoins n’a pas à figurer au dossier. Il n’y a pas lieu d’ordonner l’audition de personnes ayant déjà été entendues de manière contradictoire et complète ou dont les déclarations n’apporteront rien. Pas besoin non plus de rechercher le jugement d’appel condamnant un subordonné d’Erwin Sperisen à une lourde peine au Guatemala, celui-ci se trouve déjà au dossier et rien n’indique qu’il ne serait pas définitif. ![Mes Giorgio Campá et Florian Baier, les défenseurs du prévenu. — © SALVATORE DI NOLFI / keystone-sda.ch](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/7b7090ff-cbe6-458b-a153-6037423773eb "Mes Giorgio Campá et Florian Baier, les défenseurs du prévenu. — © SALVATORE DI NOLFI / keystone-sda.ch") La cour renonce aussi à l’audition de la partie plaignante (la mère d’une victime) désormais introuvable et sans conseil pour la représenter, celle-ci n’ayant de toute manière pas assisté aux faits. Enfin, exit tous ceux qui voudraient venir soutenir la thèse – déjà définitivement rejetée par Mon-Repos – de sept détenus tués lors d’un affrontement. Seul point admis, Erwin Sperisen obtient que le dernier arrêt, le condamnant à 15 ans de prison pour complicité avec le commando d’assassins ayant sévi à Pavon, soit versé au dossier alors que celui-ci a été annulé après la condamnation de Strasbourg. La défense, qui refuse toutefois l’apport des décisions subséquentes du Tribunal fédéral, entend visiblement s’y référer. Lire aussi: L’affaire Erwin Sperisen, ou l’art de faire le procès de la justice genevoise ### «Le rétablir dans son honneur» C’est Me Florian Baier qui se lance. Et comme il est l’heure de ménager la cour (dont la récusation de certains membres avait pourtant été demandée), l’avocat a désormais «confiance en sa sincérité» et son sens du raisonnable. «L’escroquerie judiciaire», clamée urbi et orbi, a également changé de forme. «C’est la justice genevoise qui a été victime d’une escroquerie avec ces témoins qui racontent n’importe quoi et ces photos manipulées.» Me Giorgio Campá préfère convoquer Socrate. «Il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre.» Et de poursuivre: «En voyant comment la Suisse a traité Erwin Sperisen, j’ai eu honte de mon pays et j’ai eu mal.» Aux yeux de la défense, le seul fait que trois jugements successifs aient raconté trois histoires différentes suffit à dire qu’il y a un problème. L’avocat insiste encore sur le rôle de Javier Figueroa, le bras droit d’Erwin Sperisen, «véritable pivot» sur le terrain, dont l’acquittement en Autriche rendrait impossible toute condamnation du prévenu pour complicité. Quant au rapport hiérarchique avec le commissaire condamné pour ces faits, Me Campá estime qu’il s’agit d’un indice trop faible pour fonder une culpabilité. La défense plaide donc pour un acquittement pur et simple. Et subsidiairement, pour un classement faute d’avoir été jugé dans un délai raisonnable. «Ce qu’il demande, c’est un jugement de réparation. Il faut le rétablir dans son honneur et reconnaître l’injustice. Ne rendez pas un jugement d’opprobre» Mercredi, ce sera au Ministère public de déployer une vision très différente de ce dossier. Lire encore: L’affaire Sperisen et les dangers d’une double casquette du juge

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