Maroc - LE TEMPS - Tous - 20/Oct 17:11

Le PLR empoigne enfin la question migratoire

ÉDITORIAL. Réuni en assemblée des délégués, samedi, le PLR a pris position sur l’asile de manière musclée. Il était temps que ce thème, qui préoccupe la population, ne soit plus réservé à l’UDCQuand le PLR sort d’une léthargie dont la conséquence se mesure dans les urnes, c’est avec une grosse fringale. Après s’être saisi du thème très populaire de l’école, sous l’impulsion de son président Thierry Burkart, le voilà qui investit la politique migratoire. Samedi, l’assemblée des délégués a adopté à une écrasante majorité un positionnement sévère sur la migration illégale qui va du contrôle ciblé aux frontières aux renvois plus systématiques des déboutés en passant par des accords avec les pays tiers.Pour beaucoup, attaquer l’UDC sur ses terres est un pari risqué. A jouer la concurrence avec la droite dure, le parti bourgeois devrait craindre de voir les électeurs préférer l’original à la copie en perdant son âme au passage.Pas sûr. Le parti bourgeois peut faire la différence. Car la rhétorique de l’UDC convoque des ressorts émotionnels au détriment souvent du réalisme. Réalistes, les propositions du PLR ne le sont pas toutes. Mais elles offrent l’occasion de s’approprier de manière plus raisonnable un thème trop longtemps préempté par les chantres de la compassion – la gauche – et les tenants du rejet inconditionnel. Lire à ce propos: Le PLR veut une politique migratoire plus ferme Un calcul de lâche L’immigration est devenue, en Europe, une préoccupation largement partagée par les populations. La Suisse ne fait pas exception. Fermer les yeux ou tenter de convaincre les citoyens que ce sujet est un fantasme au nom d’une posture morale est inacceptable. Mais laisser l’affaire à l’UDC est irresponsable. En France ou en Allemagne, le résultat de pareille désertion se solde par la montée de l’extrême droite. Au Danemark, en revanche, le problème migratoire a été endossé par les sociaux-démocrates avec des solutions qui ne déplairaient pas à l’UDC et qui assurent à cette gauche pragmatique un nouvel élan.Trop longtemps, le PLR s’est limité à défendre l’économie, laissant à d’autres les questions qui fâchent. Espérer séduire au seul chant de la prospérité et de l’attractivité, c’est faire offense aux Suisses qui attendent la droite sur les périlleux thèmes de société. C’est aussi un calcul de lâche.Empoigner le problème n’assurera pas obligatoirement aux libéraux-radicaux de futures victoires, mais au moins auront-ils pris leurs responsabilités. Le Centre et le PS seraient bien inspirés de faire de même. Et à ceux qui accusent le PLR de prendre un virage aussi populiste que contraire à ses valeurs humanistes, il ne tient qu’à lui de leur démontrer le contraire, avec des propositions sérieuses, fermes mais nuancées. Le mouton noir est resté trop longtemps à l’affiche.