Maroc - LE TEMPS - Tous - 17/Sep 18:02

Des difficultés tout européennes

ÉDITORIAL. Ursula von der Leyen a présenté les contours de son nouveau collège de 27 commissaires. Un puzzle construit après de douloureuses tractations, révélatrices des scissions et blocages au sein de l’UEEntre un Thierry Breton, sanguin, qui a claqué lundi la porte de la Commission européenne, et une candidate slovène au cœur d’une tempête politique dans son pays, les difficultés se sont accumulées. Ursula von der Leyen n’a pas eu la tâche facile pour présenter son nouveau collège de 27 commissaires, ancré plus à droite.L’exercice n’est jamais simple. Il faut tenir compte du poids des Etats membres, de la diversité politique reflétée au sein de l’UE, des efforts de parité, des compétences. Des ego, aussi. Les critères sont nombreux pour espérer un cocktail capable de provoquer une certaine ivresse plutôt qu’une gueule de bois. A cela s’ajoutent les leçons de Mario Draghi et son rapport alarmant sur la compétitivité européenne, avec le constat d’un décrochage économique important face aux Etats-Unis et à la Chine, et la menace d’une «lente agonie».Ursula von der Leyen doit composer avec ces contraintes. Viser un équilibre. Créer de nouveaux portefeuilles. Définir de nouvelles priorités. La mayonnaise communautaire va-t-elle prendre? Pas sûr. Car les tractations se sont révélées particulièrement tendues, dans un contexte déjà fragile de guerre en Ukraine, de rivalités économiques accrues et de transition écologique complexe. Et le fait que 15 des 27 commissaires sont issus du PPE, la famille politique de l’Allemande, ne contribue pas à apaiser les tensions. Lire aussi: Les 27 travaux d’Ursula von der Leyen, qui dévoile les contours de la nouvelle Commission européenne Ces difficultés ne sont pas anodines. Elles révèlent une Europe morcelée, animée par de nouveaux rapports de force, surtout depuis les dernières élections européennes. Le couple franco-allemand bat de l’aile. L’Allemagne vient d’ailleurs de faire cavalier seul en décidant de restaurer ses contrôles aux frontières, menaçant ainsi la bâtisse Schengen. L’Italie, elle, se targue de «retrouver son rôle central» au sein de l’Union. Parole de Giorgia Meloni. Mais la nomination du ministre Raffaele Fitto, membre du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, comme vice-président de la Commission promet de belles empoignades au Parlement européen. La Hongrie, actuellement à la tête de la présidence tournante de l’UE, s’illustre de son côté par les provocations et positions anti-Ukraine du dirigeant souverainiste Viktor Orban. Et par sa rhétorique fustigeant Bruxelles. Rendre l’Europe «plus forte» et surtout «plus compétitive» reste un défi majeur. Pour l’heure, Ursula von der Leyen doit surtout s’échiner à masquer les désunions qui la fragilisent. La tâche des 27 commissaires qui tenteront de renverser la vapeur s’annonce herculéenne.