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Lise Favre, femme des siècles

Docteure en droit, ancienne notaire, l’auteure vaudoise conte l’histoire poignante de Marie de France, enfant répudiée à sa naissance en 1138, qui deviendra la première poétesse de langue françaiseElle pose sur la table du salon un énorme ouvrage. Qui fait dans les 1000 pages. Titre: Nouvelle Histoire du Moyen Age. Son auteur, qui s’est entouré des meilleurs médiévistes français, est Florian Mazel, professeur à l’Université de Rennes et grand spécialiste de la société féodale. «Voilà qui m’a permis de corriger des anachronismes», dit-elle. Lise Favre vient de publier La Colombe et l’épervier, roman historique qui se déroule au XIIe siècle. «J’ai usé par exemple du mot poche. Erreur, à cette époque, les poches n’existaient pas encore. On se servait d’aumônières ou de baluchons. J’ai lu cela dans un chapitre sur le vêtement», explique-t-elle. Que l’auteure se rassure: son récit à l’écriture très soignée, élégante même, est pleinement d’époque. Et Lise Favre évite, on lui sait gré, les expressions à l’emporte-pièce déclamées dans les fêtes médiévales telles que «Oyez oyez braves gens, demoiselles et damoiseaux». «C’est une histoire au fond moderne autour d’une figure historique», résume-t-elle.La trame est alléchante: Aélis de Cambremont, sœur de lait d’Aliénor d’Aquitaine (future épouse du roi Louis VII), met au monde un garçon. Toute la maison est en joie. Las, un second nouveau-né est expulsé, de sexe féminin. Catastrophe car en ce temps-là, selon la croyance, une grossesse gémellaire est assimilée à un adultère. «Forcément, une épouse accouchant de jumeaux avait été fécondée par deux hommes différents», précise Lise Favre. La mère peut être alors répudiée et la famille déshonorée. La décision est alors prise de cacher l’existence du second nourrisson. D’autant que le premier, un garçon prénommé Enguerrand, est promis à un bel avenir, du fait de sa filiation.Voir plus