Maroc - LE TEMPS - Tous - 17/Jul 16:27

Malgré les critiques, les défenseurs de la capsule suicide affirment qu’elle sera «très bientôt» utilisée en Suisse

Alors que le dispositif provoque la colère des acteurs du milieu de l’aide au suicide assisté, l’organisation The Last Resort a pris position ce mercredi à Zurich, soutenant bec et ongles que la capsule Sarco serait bel et bien utilisée dans le pays«Aucune association d’aide à mourir dans la dignité n’utilisera cette capsule». Début juillet dans Le Temps, Jean-Jacques Bise, coprésident d’Exit, rejetait fermement l’idée de voir la capsule Sarco utilisée en Suisse. «Il faut voir ce que l’on vit lorsqu’on accompagne une personne qui meurt avec notre soutien, accompagnée de sa famille, de ses proches qui lui tiennent la main: il y a une humanité qui est loin d’exister avec cet engin surréaliste», insistait-il à propos du dispositif, développé par le militant australien pro-euthanasie Philip Nitschke et pensé pour provoquer la mort par asphyxie à l’azote.Qu’à cela ne tienne. C’était sans compter The Last Resort, une organisation d’aide au suicide créée il y a quelques mois et financées par des dons privés, selon ses représentants l’Australienne Fiona Stewart, membre fondatrice, et Florian Willet, coprésident. Ce sont eux qui, mercredi, ont tenu une conférence de presse à Zurich (en anglais) pour annoncer que oui, la capsule Sarco – pour «sarcophage» – sera bel et bien utilisée dans le pays d’ici la fin de l’année.Lire aussi: Jean-Jacques Bise, coprésident d’Exit: «Aucune des associations d’aide au suicide en Suisse n’utilisera la capsule Sarco» ### «Une mort paisible entourée de la beauté de la nature – comment ne pas aimer…» L’avocate Fiona Stewart n’est autre que la compagne de Philip Nitschke, avec qui elle a notamment cosigné l’ouvrage controversé _The Peaceful Pill Handbook_ qui donne des conseils pratiques sur le suicide avec des poisons et des gaz. Elle est également l’ancienne CEO du groupe Exit International, une organisation de promotion de l’euthanasie volontaire fondé par Philip Nitschke, laquelle n’a aucun lien avec Exit Suisse. Sur le [site internet](https://www.thelastresort.ch/) de The Last Resort, on apprend que l’organisation a été fondée «par un petit collectif international de défenseurs des droits de l’homme qui souhaitent changer le visage de l’aide médicale à mourir en Suisse». On leur doit notamment le guide «révolutionnaire» _Going to Switzerland_, destiné aux personnes souhaitant faire appel au suicide assisté en Suisse – 50 dollars pour les membres, 60 dollars pour les autres.  Quant au nom The Last Resort, il a été choisi pour le titre de la chanson éponyme des Eagles qui enseignerait que «la beauté de la nature doit être appréciée et non gaspillée». De quoi tirer un parallèle avec la philosophie de l’organisation, à en croire ses mots sur le site: «Une mort paisible entourée de la beauté de la nature – comment ne pas aimer…» ### Le jeu du chat et de la souris? Devant la presse, Fiona Stewart [s’est refusée](https://www.youtube.com/live/ggdkubpyZyw) à annoncer une date ou un lieu de mise en œuvre de la capsule. «Nos avocats sont en contact avec plusieurs cantons, la décision du canton final n’a pas encore été prise et je ne veux certainement pas nommer la date et le lieu de la première utilisation, car cela serait un manque de respect envers la vie privée de l’utilisateur, a-t-elle soutenu. Nous ne voulons pas faire du souhait de cette personne de mourir en paix un cirque médiatique. Ce n’est pas éthique». Une façon, aussi, d’éviter l’emballement médiatique. Lundi, le médecin cantonal valaisan a interdit l’utilisation de la capsule sur le territoire de son canton, après qu’un article de la [_NZZ am Sonntag_](https://www.nzz.ch/schweiz/suizidkapsel-mit-blick-aufs-matterhorn-philip-nitschke-plant-den-grossen-pr-stunt-ld.1839188) a révélé que le dispositif allait être mis en service cette semaine en Valais. De son côté, le Ministère public schaffhousois a aussi émis des réserves. Lire également: L’activiste pro-euthanasie Philip Nitschke persiste: la «capsule suicide» pourrait être inaugurée en Suisse en juillet Fiona Stewart a poursuivi en insistant sur le fait qu’elle n’a aucun doute sur la légalité d’un tel procédé. Une conclusion à laquelle est parvenue l’organisation après deux ans d’analyses juridiques, a-t-elle précisé. Début juillet, la professeure de droit et de médecine à l’Université de Zurich Kerstin Noëlle Vokinger estimait néanmoins dans la _NZZ_ que dans le cas où une organisation emploierait la machine sur sol suisse sans approbation de Swissmedic, elle s’exposerait à une potentielle condamnation en cas de procès. ### «Depuis trop longtemps, l’aide au suicide est trop chère pour les étrangers» S’agissant des candidats, ils devront se soumettre à un test psychiatrique, être en pleine capacité de discernement et de décision et avoir au moins 50 ans, indique The Last Resort. Des exceptions seraient toutefois possibles pour des personnes plus jeunes souffrant de maladies incurables, a toutefois tenu à préciser Fiona Stewart.  L’objectif de The Last Resort est de démédicaliser l’aide au suicide et de rendre possible «une belle mort», a déclaré Fiona Stewart. Avec la capsule, «ni médecin, ni médecine ne sont nécessaires», a complété le coprésident de l’organisation, Florian Willet, pour qui «il n’y a pas de mort plus paisible que celle proposée par Sarco». Autre argument promotionnel, avancé par Fiona Stewart: son utilisation sera gratuite. «Depuis trop longtemps, l’aide au suicide a été trop cher pour les étrangers et c’est discriminatoire», a estimé la femme de 68 ans. Des propos auxquels n’adhère par Jean-Jacques Bise. Dans _Le Temps_, le coprésident d’Exit a taclé le couple: Philip Nitschke «et sa compagne cherchent à faire du buzz, mais ils pourraient sans doute être condamnés pour l’utilisation de cet instrument qu’ils qualifient de «médical». Philip Nitschke n’a aucun lien avec la Suisse, aucune implantation. De plus, cela ne correspond pas aux attentes de la population qui cherche à mourir dignement.»