Maroc - LE TEMPS - Tous - 04/May 08:00

Le CERN, «un pilier de la Genève internationale»

L’institution scientifique, créée en 1954, attire des scientifiques du monde entier. A l'heure où sa directrice générale, Fabiola Gianotti, reçoit le Prix de la Fondation pour Genève, elle incarne l’humanisme dont la Genève internationale se veut le hérautL’organisation s’étend sur 626 hectares dont seuls 110 sur territoire suisse. Le CERN, Conseil [aujourd’hui «Organisation»] européen pour la recherche nucléaire, qui travaille sur la physique des particules et l’antimatière, est l’une des institutions phares de la Genève internationale. Elle emploie 2500 collaborateurs, dont nombre d’ingénieurs et de physiciens, comprend 23 Etats membres et dix Etats associés dont des pays dits du «Sud global» comme le Brésil et l’Inde. «Au total, entre 10 et 12 000 scientifiques à travers le monde collaborent physiquement ou virtuellement avec le CERN», explique Anaïs Gerard, attachée de presse de l’organisation. Plus de 400 scientifiques issus d’institutions suisses participent aux travaux de l’organisation genevoise.L’institution phare de la physique des particules a des accords formels de coopération avec six agences onusiennes (UIT, OMPI, OMS, OMM, Unitar et l’ONU Genève). Mais elle travaille aussi avec de nombreux autres organismes. Elle coopère ainsi étroitement avec l’OMS pour développer, dans le cadre du projet CAiMIRA, un outil permettant de mesurer la qualité de l’air et la concentration de virus dans un espace clos.### Familiariser le grand public aux enjeux de la recherche nucléaire L’ambassadeur de Suisse auprès de l’ONU à Genève, Jürg Lauber, enthousiaste, commente: «Le CERN est un pilier de la Genève internationale, une organisation internationale même plus grande que l’ONU Genève en termes du nombre de personnes qui y travaillent. Il représente bien l’esprit humain, cette quête permanente de la découverte. Il pratique une science dont la fin n’est ni commerciale, ni militaire. En cela, il incarne l’humanisme de la Genève internationale et l’esprit de Genève.» Face à la féroce compétition qui a lieu dans le domaine scientifique entre grandes puissances, Jürg Lauber mentionne un autre atout fondamental: «Le CERN que nous avons le privilège d’héberger, en tant qu’Etat hôte, de même que la France, est une institution à la pointe qui permet à la science européenne de conserver son leadership. C’est pourquoi la Suisse soutient le projet du Futur collisionneur circulaire, conformément à la stratégie de politique étrangère définie par le Conseil fédéral pour 2024-2027.» Illustration de son interaction avec les autres acteurs de la Genève internationale, le CERN accueille depuis début mars l’Institut ouvert de technologie quantique (OQI) qui vient d’être créé avec le Gesda (Fondation pour l’anticipation de la science et de la diplomatie). L’objectif est d’anticiper et d’encadrer l’avènement d’une technologie qui pourrait réellement s’imposer dans les dix ans à venir: l’ordinateur quantique. Mais le CERN refuse d’être une institution réservée aux seuls scientifiques. En ouvrant en automne 2023 son Portail de la science, il compte impliquer le grand public et le familiariser avec les grands enjeux de la recherche nucléaire.