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En tant que première femme présidente démocratiquement élue en Afrique, je connais mieux que quiconque l'importance de briser le plafond de verre. Pendant des décennies, les plus hautes fonctions politiques en Afrique ont été l'apanage des hommes. Mais aujourd'hui, Netumbo Nandi-Ndaitwah a récidivé en devenant la première femme à diriger la Namibie après avoir remporté l'élection présidentielle de novembre. L'élection de Mme Nandi-Ndaitwah représente un changement important sur le continent : il est de plus en plus admis que les femmes sont tout aussi capables que les hommes de diriger un gouvernement. Sa victoire est plus qu'une étape importante pour la Namibie ; elle a redonné à l'Afrique un sentiment de fierté et de possibilités. Lorsque j'ai pris mes fonctions en 2006, j'étais en terrain inconnu. L'idée d'une femme chef d'État africain semblait révolutionnaire, presque inconcevable pour beaucoup. Au cours des années qui ont suivi, les femmes ont accédé à de nombreux postes de premier plan sur le continent, modifiant les perceptions de ce à quoi le leadership peut et doit ressembler. Mais le succès de la candidature de Nandi-Ndaitwah à la présidence réaffirme que les obstacles auxquels sont confrontées les femmes dirigeantes sur le continent ne sont pas insurmontables. L'accession d'une femme à la plus haute fonction d'un pays transforme les aspirations d'innombrables filles et jeunes femmes. Pendant des années, on a dit aux femmes africaines – parfois subtilement, parfois brutalement – que la politique était un domaine réservé aux hommes. Mais voir des femmes comme Nandi-Ndaitwah accéder au pouvoir remet en cause ces stéréotypes bien ancrés. Son succès souligne également la valeur inhérente à la présence de femmes dans des rôles décisionnels. D'après mon expérience, les femmes dirigeantes ont tendance à mettre l'accent sur la collaboration, l'inclusion et la résilience – des qualités essentielles pour construire des sociétés plus fortes et plus équitables. En outre, une démocratie s'épanouit lorsque ses dirigeants reflètent la diversité de sa population. L'élection de femmes n'est pas un geste symbolique ; il s'agit de libérer le potentiel et de conduire des changements significatifs. Alors que la Namibie se réjouit, l'importance de ce résultat se répercute sur l'ensemble du continent. Il indique que les citoyens africains sont prêts à accueillir les femmes en tant que leaders. Loin d'être un événement isolé, la victoire de Nandi-Ndaitwah s'inscrit dans un mouvement plus large d'autonomisation des femmes africaines et de leur accession à des postes d'influence dans la politique, les affaires et la société civile. Son parcours montre que des progrès sont possibles lorsque les institutions et les communautés s'engagent en faveur de l'inclusion. Malgré cela, nous ne devons pas ignorer les défis persistants auxquels sont confrontées les femmes qui aspirent à des rôles de direction. La discrimination systémique, les préjugés sociétaux et l'inégalité d'accès aux ressources restent des obstacles considérables. L'entrée en politique est toujours considérée comme un privilège plutôt que comme un droit. Pour changer cette perception, les gouvernements africains devraient adopter des politiques qui favorisent une représentation égale, y compris des réformes électorales et des initiatives visant à lutter contre les préjugés sexistes. Les sociétés doivent éradiquer les normes néfastes qui découragent les femmes de briguer un mandat électif, tandis que les hommes doivent reconnaître que l'égalité des sexes profite à tous. La présidence de Nandi-Ndaitwah n'est pas seulement un accomplissement à célébrer, c'est un appel à l'action. Elle nous rappelle que le progrès exige de la persévérance. Le soutien aux femmes dirigeantes doit rester une priorité absolue, depuis l'activisme de base jusqu'aux politiques nationales. D'autres pays africains devraient suivre l'exemple de la Namibie, en créant des environnements politiques où les femmes peuvent s'épanouir et rivaliser sur un pied d'égalité. Les voies du leadership doivent être accessibles à tous ceux qui veulent servir. Pour les femmes qui s'efforcent déjà de diriger, la victoire de Nandi-Ndaitwah est une source d'espoir renouvelé. La lutte pour la parité hommes-femmes porte ses fruits. Plus important encore, cette victoire inspirera la prochaine génération de jeunes filles. Le fait de voir une femme présidente en Afrique montre que leurs ambitions sont valables et réalisables. Elles aussi peuvent viser la plus haute fonction sans excuses ni hésitations. L'Afrique vit un moment décisif. Il semble que le continent soit de plus en plus prêt à accueillir le plein potentiel de ses habitants. Laissons la première femme présidente de Namibie consolider notre détermination collective à lutter pour l'égalité des sexes, encourager les femmes à occuper des postes de direction et dynamiser les efforts visant à construire un paysage politique plus inclusif. Les progrès peuvent prendre du temps, mais un avenir où les femmes ont autant de chances que les hommes de remporter les élections est à notre portée. La Namibie a ouvert un nouveau chapitre pour le leadership des femmes en Afrique. Le reste du continent doit continuer à tourner les pages. Ellen Johnson Sirleaf, lauréate du prix Nobel de la paix et ancienne présidente du Liberia, est la fondatrice du Centre présidentiel EJS pour les femmes et le développement et la coprésidente du groupe indépendant sur la préparation et la réponse aux pandémies. Project Syndicate, 2024. www.project-syndicate.org
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