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Pour une refonte de l’échelle du temps Pour Dipesh Chakrabarty, le changement climatique impose de repenser le temps en reliant deux paradigmes autrefois séparés, celui du temps de la nature et celui du temps humain. C’est une réflexion située, en réaction au changement climatique, mais qui amène Dipesh Chakrabarty a approfondir sa réflexion décoloniale dans le champ philosophique. Dans Provincialiser l’Europe, la pensée postcoloniale et la différence historique (Princeton University Press 2000 et Amsterdam, 2020, pour la traduction française), l’historien indien, professeur à l’université de Chicago et lauréat du prix Toynbee pour ses travaux, proposait de repenser les catégories construites par la modernité européenne pour saisir les sociétés et leur environnement. Dans cet ouvrage, dont on peut se réjouir qu’il ne se soit écoulé que deux ans entre sa publication en anglais et sa traduction en français, l’auteur revient sur la séparation en deux catégories du temps humain et du temps de la nature, qu’il invite à repenser ensemble. « Le globe et la planète – en tant que catégories représentant les deux récits de la globalisation et du réchauffement global – sont liés. Ce qui les rattache, ce sont les phénomènes du capitalisme (au sens large) et de la technologie modernes, tous deux d’une portée globale », indique-t-il en introduction. La première partie du livre distingue les termes de globe et de planète, et explore les apories du capitalisme, « qui ne nous a pas offert une prise intellectuelle suffisante sur les problèmes de l’histoire humaine que le changement climatique anthropique a révélés ». Pour Dipesh Chakrabarty en effet, la planète est une « catégorie de l’histoire humaine » : si le global, au sens de colonisation de la terre par l’espèce humaine, « est une construction humanocentrique », la planète, elle, « décentre l’humain » puisqu’elle relève de considérations géophysiques bien plus larges. Prendre en compte cette dimension non humaine est nécessaire pour sortir de l’anthropomorphisme issu des catégories élaborées à partir de la Renaissance. Il s’agit non pas seulement de revenir sur le clivage entre homme et animal, mais de considérer la planète comme faisant partie du vivant – et pas seulement comme une donnée immuable, qui ne serait que la toile de fond sur laquelle agit l’humanité. D’autant que l’action de celle-ci a aujourd’hui un impact planétaire certain, qui entremêle désormais l’histoire humaine et le temps long géologique. Sortir de l’anthropomorphisme Dans la seconde partie, intitulée « De la difficulté d’être moderne », qui fait le lien à la modernité et réfléchit à l’articulation entre les « conceptions de la liberté des nations postcoloniales et les besoins accrus en énergie », historiquement comblés par la « maîtrise de la nature », Dipesh Chakrabarty revient sur la notion de « privilège » de l’homo sapiens, et propose de reconnaître l’agentivité non seulement des humains, telle qu’élaborée au fil des siècles par la pensée humaniste, mais aussi du vivant au sens large, animaux, Terre etc. L’enjeu est dès lors de recomposer un imaginaire et de construire des régimes politiques qui ne reposent pas sur des positions hiérarchiques. Tout un chapitre est consacré à l’analyse du suicide de Rohith Vemula en 2016, geste politique pour protester contre la marginalisation de la caste des intouchables. Ainsi, dans la troisième partie, intitulée « Face au planétaire », Dipesh Chakrabarty propose de penser au pluriel l’anthropocène, en en soulignant le caractère multiple. Il invite à adopter « un mode de pensée centré sur la planète », ce qui a des conséquences sur notre manière de comprendre la condition humaine aujourd’hui et, à la lumière de cette nouvelle « conscience de l’époque », à réfléchir à la manière de composer de « nouveaux communs », de nouvelles solidarités qui ne peuvent être que multiples, bref, une « nouvelle anthropologie », « en quête d’une redéfinition des relations humaines avec le non-humain, y compris la planète ». Au cœur de cette réflexion, la notion de reconstruction et de réparation, face aux inégalités accentuées par l’Anthropocène. Le livre se clôt sur un post-scriptum, une conversation avec le sociologue français Bruno Latour et conclut sur la nécessité de comprendre que l’enjeu est la survie de la civilisation et de la condition humaine, en tant qu’espèce, ce qui passe par le dépassement de « nos vues nécessairement partisanes » et de « nos vies divisées d’êtres humains ». C’est donc une « nouvelle anthropologie philosophique » à laquelle il nous invite dans ce livre très dense, qui analyse des notions aussi complexes que le développement, l’habilitabilité, la soutenabilité… Mais, au-delà de sa dimension éthique, c’est une réflexion politique extrêmement profonde qui nous est proposée. Kenza Sefrioui Après le changement climatique, penser l’histoire Dipesh Chakrabarty Gallimard, Bibliothèque des histoires, 400 p., 28 € Dipesh ChakrabartyArticle Auteur: Kenza Sefrioui
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