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Maroc Maroc - LE TEMPS - Tous - 30/Aug 02:45

Dans nos archives, l’Eurovision 1989 à Lausanne était une «grande messe cathodique» affligeante

REVUE DE PRESSE. Feue la «Gazette de Lausanne» n’était pas particulièrement fan de la 34e édition organisée par la Suisse, et de l’événement tout court. Retour sur un raout «kitsch» et «vide» mais bourré de prouesses techniquesLa 34e édition de l’Eurovision a beau être un événement de tous les superlatifs pour la petite Suisse, sa couverture est reléguée en modeste page 13 de la Gazette de Lausanne du lundi 8 mai 1989. L’année précédente, Céline Dion, qui prêtait sa voix à notre pays, l’emportait à Dublin. Comme le veut le déroulé de la manifestation, au tour, donc, de la Suisse d’accueillir le grand raout musical, suivi à cette époque par 600 millions de téléspectateurs à travers le monde. L’organisation de ce concours est historique, mais force est de constater qu’il est voué aux gémonies par la presse de l’époque.Avant tout, primeur aux rares points positifs. En terre de précision horlogère et de rigueur, c’est évidemment l’organisation qui est portée aux nues. «Prouesses techniques en coulisses», titre-t-on alors, enchanté d’observer que les «moyens techniques […] servent les artistes et gens de média de manière toujours plus performante». Mais qu’est-ce qui est si révolutionnaire, il y a 35 ans? Face au fléau du playback et l’obligation du direct de l’Eurovision, Lausanne a trouvé une solution avec «un ingénieux système appelé back-track: le chef d’orchestre est muni d’une oreillette dans laquelle il perçoit le top départ, puis les battements d’un métronome. Ces indications proviennent d’une bande magnétique où se trouvent également enregistrés tous les instruments (synthétiseurs, échantillonneurs, etc) que l’orchestre, pourtant grand (50 musiciens), ne compte pas dans ses rangs. Grâce à ce système, la voix de l’artiste, l’accompagnement orchestral et les effets spéciaux enregistrés sont parfaitement coordonnés et diffusés en direct». Un système qui devrait ravir tous les pays en concours. Tous? Presque, les Allemands ne se prêtent alors pas au jeu, «peu enclins à prendre des risques».Voir aussi: En vidéo - Eurovision 1989: rétrospective à la veille de l’annonce de la ville hôte pour l’édition 2025 ### Ces présidents suisses qui ne s’embarrassent pas de sécurité Avant de se concentrer sur le contenu de la soirée, encore un peu de Suisse à l’honneur avec cette simplicité _so schweitzerisch_ qui caractérise tant nos contrées: «Autour d’un verre de blanc, Jean-Pascal Delamuraz (président de la Confédération, ndlr) s’entretenait très librement de l’affaire que vous savez avec Achille Casanova, le chancelier de la Confédération. Tout cela sans l’ombre d’un garde du corps ou de mesures de sécurité particulières. Imaginez tant de simplicité dans n’importe quel pays voisin: impensable!» 35 ans plus tard, l’émerveillement subsiste lorsqu’un membre du gouvernement partage un wagon avec ses concitoyens. Le temps passe, certaines choses restent. ![Les candidats suisses – les Helvètes de Furbaz – lors de leur passage. — © PYTHON / KEYSTONE](https://letemps-17455.kxcdn.com/photos/90602fbc-96f1-4a45-9be0-398ce250cb99 "Les candidats suisses – les Helvètes de Furbaz – lors de leur passage. — © PYTHON / KEYSTONE") Mais l’Eurovision n’est pas un concours d’humilité politique, place au spectacle. Et c’est là que le bât blesse. En introduction, on loue, une nouvelle fois, un concours «remarquablement bien organisé» – «une démonstration de virtuosité télévisuelle», ose-t-on même – mais «définitivement affligeant». Tout semble à jeter, et ce dès les premières minutes, avec un film de présentation montrant «une Heidi mise en situation dans la Suisse actuelle […] d’une niaiserie achevée». La «carte postale_»_ servant de préambule à chaque prestation est quant à elle «d’une bêtise à faire rougir de honte les glaciers de ce pays. N’y a-t-il donc plus d’idées, plus de réalisateurs?», fulmine-t-on alors. Lire aussi: Adrien Genier: «Le but, c’est que tout Genève vibre au rythme de l’Eurovision» ### La vocation de l’Eurovision? Faire «l’apologie du vide» Malheureusement, la performance des candidats ne parvient pas à relever le niveau pour la _Gazette de Lausanne_, qui part de toute façon défaitiste: «Pour la qualité artistique, on le sait depuis longtemps, il n’y a pas grand-chose à espérer de cette compétition». Le journal se donne raison un peu plus loin, considérant que «la plupart des chansons relèvent de cette variété facile, factice, qu’on a l’impression d’avoir déjà mille fois vue et entendue, et qu’on subit avec ennui. Il est vrai qu’il existe une sorte de _moule Eurovision,_ lequel n’est guère recommandable». Quelques artistes parviennent difficilement à trouver grâce aux yeux du quotidien, avec «tout de même le groupe turc Pan et la superbe chanteuse espagnole Nina», ainsi que le groupe «les Helvètes de Furbaz _(coquins_ en romanche), qui représenta fort honnêtement la Suisse (treizième rang)». Voilà pour les bons points. Lire aussi: Que rapporte l’Eurovision? Un calcul complexe Le reste est relégué au rang de faire-valoir et le grand gagnant est même entaché d’un soupçon de complot, ose la _Gazette de Lausanne_: «Le verdict final consacra le groupe Riva de la Yougoslavie (comme par hasard l’un des derniers pays à n’avoir jamais remporté et donc organisé l’Eurovision)». Le journal finit d’enterrer un événement qui consacre «la facilité [et] le kitsch» tout en usant de l’argument du «c’était mieux avant»: «Une apologie du vide: telle paraît être la vocation de l’Eurovision, à considérer comme une expression emblématique de notre temps. Pourquoi pas, après tout. Mais le véritable scandale est là: les millions utilisés, les prodiges techniques déployés, l’audience accordée à une célébration du rien.» Prédiction peu risquée: la presse risque de faire un meilleur accueil médiatique à la 69e édition, organisée à Genève ou à Bâle, l’année prochaine. Lire également: Eurovision 2025: Genève déterminée à aller jusqu’au bout

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