Maroc - LE TEMPS - Tous - 19/Aug 09:50

Benito Mussolini, un doctorat honoris causa à Lausanne au nom des sympathies helvético-fascistes

En 1937, l’Université de Lausanne décerne un doctorat à Mussolini. Une récompense qui, au-delà du geste académique, illustre la fascination d’un bon nombre de Suisses envers l’expérience fasciste. Des recherches historiques attestent de l’étendue de cette relation, qui met en pièces la thèse d’une erreur de casting ou d’un «piège»C’est un peu le sparadrap du capitaine Haddock de l’Université de Lausanne, l’affaire dont elle ne sait comment se débarrasser. En 1937, elle décernait un doctorat honoris causa à Benito Mussolini. Huit ans plus tard, en avril 1945, le dictateur était fusillé par les résistants puis exhibé sur une place de Milan, pendu par les pieds. Après la guerre, on tenta bien d’oublier l’honneur fait au leader fasciste entre-temps tombé en disgrâce. Cette tache n’en finit toutefois pas de ressurgir du passé et de coller à la réputation de l’institution vaudoise. Comment a-t-elle pu pareillement se méprendre? Et, surtout, qu’attend-elle pour enfin retirer ce titre?Ces prochains mois, un colloque historique, une exposition, une conférence et une publication seront consacrés à ces questions. Le fruit d’un «travail» voulu par l’Université de Lausanne pour répondre à ces interrogations alimentées notamment par la gauche. Or, les recherches en cours confirment qu’il n’y a pas eu de méprise. Ce choix, à l’époque, s’inscrit dans un climat philo-fasciste qui imprègne les milieux politiques vaudois, suisses romands et jusqu’aux autorités fédérales. «Pendant l’entre-deux-guerres, l’extrême droite fascine, elle est tolérée par la société suisse et celle-ci y adhère à divers degrés. Par aveuglement ou complaisance? C’est ce qu’il faut retracer», explique l’historien Marc Perrenoud, mandaté pour se plonger dans les archives en Suisse avec un collègue italien qui recherche dans les archives de la Péninsule.Voir plus