Maroc - MAGHILY.BE - A La Une - 22/Dec 09:59

Ma Bimbosophie au TTO

Pour bien commencer les vacances de Noël, quoi de mieux que d’écouter les questionnements d’une bimbo en pleine crise existentielle ? De quoi ça parle ? Dans ce seul en scène, qui reprend de nombreux codes du burlesque, Daphné Huynh campe une influenceuse bimbo qui s’interroge sur son avenir et témoigne de ses difficultés du quotidien. Elle revient sur ses rêves d’enfant, quand elle imitait pendant des heures celle qu’elle considère encore comme La Queen B [oui, on parle de Britney], devant le miroir de sa chambre. Elle aborde les difficultés d’une femme qui choisit d’embrasser la carrière de comédienne et des injonctions qui lui sont faites. Et surtout, elle décrit ses difficultés relationnelles avec les hommes qui acceptent avec plaisir de la côtoyer pour une nuit mais mettent les voiles dès qu’elle souhaite les revoir. Ce que j’en ai pensé ?! Durant toute la pièce, on alterne entre monologues devant le miroir ou face à la caméra, scènes chantées et/ou dansées inspirées des plus grands tubes de la pop culture et chorégraphies de pole dance. C’est très dynamique et demande une certaine implication du public. D’ailleurs, petit bémol : pendant le petit speech de présentation, il manque d’une rapide contextualisation pour expliquer au public, peu habitué au spectacle burlesque, qu’il doit interagir ; applaudir après les numéros de pole et participer activement durant certaines scènes chantées ou dansées pour éviter qu’elles ne soient trop malaisantes et tombent dans une sorte de voyeurisme. Personnellement, je n’avais pas ces codes et c’est la personne qui m’accompagnait, plus habituée à ce type de spectacle qui m’a expliqué que le public aurait dû davantage interagir, ce qui aurait rendu certaines scènes moins « ridicules ». Personnellement, j’ai passé un très bon moment ! Sans être une bimbo moi-même [je suis plutôt de la team qui se sent déguisée avec des talons et du rouge à lèvres], je me suis reconnue dans certaines scènes : notamment, lorsque la bimbo fait part de ses difficultés relationnelles et des nombreuses injonctions qui pèsent sur les femmes pour qu’elles se façonnent et gardent un physique qui corresponde aux normes de beauté, si elles souhaitent être désirables auprès d’une certaine partie de la gente masculine. Avec un certain humour, la narratrice aborde également des sujets plus violents comme celui du harcèlement en ligne dont la bimbo influenceuse est régulièrement victime. Tout au long du spectacle, des citations de grandes penseuses féministes sont affichées sur un écran. Toutes rentrent en résonance avec ce qui est raconté de manière beaucoup plus simpliste, voire superficielle, sur la scène. Des extraits audio viennent aussi compléter certaines scènes. J’ai aimé voir ce choc des sources qui développent un même propos mais sous des formes différentes, certaines étant considérées comme plus légitimes que d’autres. Alors, évidemment, si vous êtes habitué·es à lire ou écouter des podcasts féministes, vous n’allez rien découvrir de nouveau. Si ce n’est le choix de la narratrice – bimbo, le fond n’est pas très différent de nombreuses autres réalisations culturelles qui parlent des relations de couple et des injonctions patriarcales contradictoires qui frappent les femmes. Mais j’ai trouvé que l’ensemble marchait plutôt bien, certaines références culturelles aux bimbos de mon enfance ont joué leur rôle de madeleine de Proust et je n’ai pas vu passer la soirée. Mon +1 était moins enthousiaste, notamment parce qu’il m’a dit ne pas avoir eu toutes les références [il n’a visiblement pas passé assez de temps devant les Frères Scott :D]. J’aurais donc davantage tendance à vous conseiller d’aller voir cette pièce lors d’une soirée entre copines même si, encore une fois, je trouve ça pas mal que ce discours infuse aussi auprès des hommes, qui apprendraient certainement plus de choses que les meufs. Infos pratiques Titre : Ma bimbosophieComédienne : Daphné HuynhQuand : du 18 décembre au 18 janvier 2025Pour réserver : https://www.ttotheatre.com/spectacle/ma-bimbosophie/Crédit photo : Lou Verschueren